PLACE AU JEU

Légende du demi-fond, sûrement "le plus grand coureur de tous les temps" comme aimait à le répéter notre regretté Mimoun, Emil Zatopek, quadruple médaillé d'or aux Jeux Olympiques n'en était pas moins un homme remarquable par ses qualités humaines, maintes fois saluées, tant par les journalistes qui le cotoyaient que par ses adversaires. Reconnaissant l'immense talent et l'apport de l'athlète australien Ron Clarke dans sa discipline de prédilection (5 000 et 10 000 m), Zatopek déplorait que celui-ci ne put être récompensé à son tour par un titre olympique amplement mérité. Aussi, l'athlète au grand coeur, prouva qu'il n'avait pas que la forme mais aussi le fond (et pas qu'à moitié) quand dans un élan de générosité, il offrit l'une de ses médailles d'or olympique à son ami australien venu lui rendre visite. En effet, à son départ, il lui tendit une petite boîte fermée en insistant pour que Ron Clarke ne l'ouvrît qu'une fois installé dans l'avion en ajoutant qu'il méritait bien ce présent : il s'agissait de la médaille d'or olympique remportée par Zatopek sur 10 000m à Helsinki en 1952...

Mimoun et Zatopek, 1952

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Au cours de l'été 2010, nos télévisions ont été submergées par le tsunami médiatique de la cuisante défaite en coupe du monde 2010 de football, véritable constat d’échec de la politique éducative d’un monde sportif français en péril voire de la nation même. Faisant la une de tous les éditoriaux, cet événement a été supplanté dans les semaines suivantes par des ersatz d’ « épopées » cyclistes françaises ou par l’avènement d’une génération dorée en natation afin de redonner des couleurs à notre cher coq au plumage terni.

 Comment expliquer une telle dichotomie avec "footeux" trop payés, mal éduqués d’une part et nageurs gendres idéaux d’autre part. Bien évidemment, une tentative d’explication pourrait faire intervenir conjointement facteurs sociaux, culturels et économiques. Néanmoins, au-delà de ce clivage apparent qui commence à être socialement reconnu, il nous semble intéressant de se focaliser non pas sur ce qui divise, sépare ces sportifs de tous horizons mais plutôt sur ce qui les réunit au sein de la planète sport. Nous sommes convaincus qu’au plus profond de chacune de ces machines humaines programmées pour la performance subsiste une matrice ludocentrée, hédoniste à l’origine de la genèse de l’homo-sportificus de haut niveau qu’ils sont devenus.En effet, nous pensons que chaque carrière d’athlète est l’aboutissement d’une quête originelle de valeurs simples, partagées, transversales, universelles.

 A l’instar d’un photographe à l’épreuve de la révélation de belles images, nous espérons faire apparaître ces fondements communs à travers Place au jeu.

 Certes,au regard des dernières actualités sportives, l’idéal sportif semble fortement en péril. Toutefois, il y a, tels les irréductibles gaulois, des valeurs fondamentales, des liens indéfectibles qui unissent les sportifs entre eux. Notre but est de montrer que ces valeurs persistent et perdurent malgré les tempêtes médiatico-sportives rencontrées (Affaire Zahia,affaire du bus de Knysna, Affaire Nasri, Affaire Armstrong,...) .

Selon nous, à côté de ces dérives, il existe une autre réalité, d’autres fondamentaux qui motivent, font se mouvoir et s’émouvoir des pratiquants pour lesquels l’expérience corporelle sportive résonne comme un accomplissement de la personnalité. D’aucuns prétendront que l’enjeu tue le jeu, nous voudrions dépasser ce débat en montrant qu’en chaque sportif de haut niveau a grandi et subsiste un apprenti sportif, fondamentalement joueur et avide de nouvelles expériences.

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